Soutenez-nous, faites un don !

— Actualités —

Des nids de chenilles dans mon jardin : processionnaires ou chenilles inoffensives ?

Le printemps est annonciateur du retour des beaux jours, du chant des oiseaux, des arbres en fleurs, mais aussi des chenilles. Vous avez peut-être observé, au bord d’un sentier ou dans un arbre fruitier, un amas de chenilles regroupées sur un nid de soie. Qui sont-elles, et faut-il s’en inquiéter ?

Mardi 10 mai 2022 Biodiversité

Les chenilles grégaires

Les chenilles de certaines espèces de papillons sont grégaires : c’est-à-dire qu’elles restent groupées durant une partie ou la totalité de leur développement. Lorsqu’on rencontre plusieurs chenilles regroupées au même endroit, cela signifie que quelques semaines ou mois plus tôt, une femelle papillon a déposé sa ponte à proximité. (Je précise parce que parfois, les gens pensent qu’ils ont une invasion de chenilles sur leur arbre, et s’imaginent un flot continu de chenilles venues de l’extérieur pour tout détruire!)

Dans les cerisiers, on rencontre souvent les chenilles de la Grande tortue (Nymphalis polychloros), un joli papillon orangé protégé en Île de France. La femelle dépose ses œufs côte à côte sur une branche au début du printemps. Les jeunes chenilles restent groupées sur la même branche jusqu’à ce qu’elles l’aient totalement défoliée avant de passer à une autre branche, puis se dispersent à la fin de leur développement.

Plus discrètes, les chenilles du Gazé (Aporia crataegi) vivent en petit groupe dans les arbustes et jeunes arbres tels que les Aubépines, les Prunelliers ou les petits fruitiers. Nées à la fin de l’été, passent la mauvaise saison dans un petit abri soyeux tissé contre une branche, et se réveillent au printemps pour terminer leur développement. Au stade adulte, le Gazé est un élégant papillon blanc aux ailes nervurées de noir.

Les chenilles tisseuses

Certaines chenilles grégaires construisent des toiles ou des nids de soie, qui leur servent de protection contre les prédateurs et les intempéries. Ces édifices, visibles de loin, sont parfois impressionnants par leur volume !

Les Hyponomeutes (Yponomeuta spp.) recouvrent parfois totalement les arbres avec leur soie, façon toile d’araignée géante. Il en existe plusieurs espèces qui se nourrissent sur divers arbres et arbustes, mais les plus fréquemment observées sont celles qui se développent sur les Fusains. Il arrive qu’elles défolient totalement leur arbre hôte, sans pour autant le tuer.

Les chenilles de la Livrée des arbres (Malacosoma neustria) réalisent quant à elles une toile de soie plus élaborée, souvent installée à la base d’une branche. Par beau temps, elles se regroupent sur la toile blanche pour profiter de la chaleur des rayons du soleil qui s’y reflètent. D’autres espèces de Livrées tissent leur toile au sol, comme la Livrée alpine (M. alpicola) ou la Franconienne (M. franconica). La totalité de leur développement s’effectue dans la végétation basse des prairies et des alpages.

Dans les haies d’Aubépine et de Prunellier, on peut aussi observer les chenilles de la Laineuse du cerisier (Eriogaster lanestris). Leur nid parfois très volumineux est constitué de plusieurs couches de soie, sous lesquelles elles peuvent se réfugier en cas de danger. Elles y vivent groupées durant la quasi-totalité de leur développement, puis se dispersent peu avant la nymphose.
Leur rare cousine la Laineuse du prunellier (E. catax), au mode de vie similaire, est protégée sur tout le territoire français. Elle est plus précoce, et ses chenilles quittent le nid plus tôt.

Plus problématiques, les chenilles du Bombyx cul-brun (Euproctis chrysorrhoea) tissent leur toile sur divers arbres et arbustes. Urticantes pour les peaux sensibles, il vaut mieux éviter de les manipuler à main nue.

Un danger pour les arbres fruitiers ?

Si vous avez trouvé un nid de chenilles dans un arbre fruitier, attendez avant de sortie le chalumeau : il existe des solutions permettant de préserver à la fois l’arbre et les chenilles ! Si votre arbre est assez âgé et en âge de produire des fruits, vous pouvez choisir de laisser les chenilles pour observer leur développement. En principe, elles ne s’attaqueront qu’aux feuilles et n’impacteront pas la production de fruits ; après leur passage, de nouvelles feuilles pousseront. Mais si votre arbre est jeune, vous pouvez envisager de déplacer les chenilles pour le préserver.

Tout d’abord, essayez d’identifier les chenilles en question. Dans la plupart des cas, il est possible de les déplacer dans un autre arbre. Si les chenilles ont tissé un nid, il faudra couper la branche pour déplacer les chenilles avec leur nid. Dans le cas contraire, il suffira de faire tomber les chenilles dans un seau, puis d’aller les replacer ailleurs.

Attention toutefois : il faudra penser à les installer dans un arbre faisant partie des plantes hôtes de l’espèce. Sur ce lien, vous trouverez tous les conseils pour gérer la présence de nids de chenilles dans vos arbres fruitiers, ainsi qu’une liste des plantes hôtes de substitution pour chaque espèce : chenilles.net/nids-chenilles-fruitiers/

Et les processionnaires dans tout ça ?

En France, il existe trois espèces de chenilles processionnaires, dont 2 sont assez répandues pour que leur présence puisse être problématique :

– La Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) se rencontre dans les résineux (Pin, Cèdre). Les chenilles se développent en hiver dans des nids de soie ovoïdes situés à l’extrémité des branches. Au début du printemps, elles quittent leur nid et descendent en procession le long du tronc. La procession se poursuit ensuite au sol, jusqu’à ce que les chenilles trouvent un site favorable à leur enfouissement. Une fois sous terre, elles tissent une petite logette de soie et se métamorphosent.

– La Processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) se rencontre dans les Chênes. Les chenilles se développent au printemps dans des nids de soie situés contre les branches ou le tronc des chênes. Contrairement à leurs cousines, ces chenilles ne font pas de procession au sol pour aller s’enterrer : la nymphose a lieu dans l’arbre, dans les nids de soie. Des processions ont cependant parfois lieu le long des troncs ou à proximité des chênes.

Les chenilles processionnaires ne se rencontrent donc qu’à proximité immédiate des résineux ou des Chênes, et jamais dans d’autres arbres. Si vous avez trouvé une chenille qui ressemble à une processionnaire et que vous souhaitez l’identifier, ce lien pourra vous aider : chenilles.net/reconnaitre-processionnaires/

Autrice : Lisa Henry

Vous participez aux activités du réseau biodiversité de FNE Ain, vous avez participez à des 24h naturalistes ou vous vous intéressez à nos actions sur la biodiversité ?

Notre réseau bénévole biodiversité reprend du service et prépare ses nouvelles actions ! Naturaliste professionnel·le ou débutant·e, bénévole intéressé·e, citoyen·ne engagé·e, curieux et curieuses de nature, inscrivez-vous pour participer à nos actions. Que vous soyez novice ou expert·e, diplomate de la biodiversité, à votre aise sur la scène publique et politique, animateur ou animatrice dans l’âme et ayant envie de partager vos connaissances, à la recherche de programmes de protection de la nature dans lesquels vous investir, ou encore amoureux et amoureuse d’un domaine particulier que vous souhaiteriez développer avec nous, il y en a pour tous les goûts. Chaque mois le réseau se réunit (en visioconférence généralement) pour échanger sur des sujets biodiversité, préparer des actions et animations dans le département, travailler sur des dossiers juridiques, … Le réseau organise aussi des sorties terrain (découvertes, inventaires, formations). Chaque année, il propose un week-end bénévole d’inventaires sur le terrain : les 24 heures naturalistes.

Publié par FNE Ain

Le Mardi 10 mai 2022

https://www.fne-aura.org/actualites/ain/des-nids-de-chenilles-dans-mon-jardin-processionnaires-ou-chenilles-inoffensives/

Partager


Je relaie

J'agis

Soutenez notre indépendance financière

Adhérez Faites un don

Avantage réduction d'impôts