Justice : pas de fusils contre les blaireaux, mais toujours des pelles et des pinces
Les blaireaux de l'Ain restent victimes de leur mauvaise réputation, pour l'instant.
En 2022, les blaireaux de l’Ain s’étaient vus réservé un traitement tout particulier. Alors qu’ils sont déjà chassés en automne et hiver, ils pouvaient être déterrés tout l’été et pouvaient aussi être tirés et piégés de jour et de nuit dès le printemps. Alors que FNE Ain se bat depuis plusieurs années pour réhabiliter cette espèce et limiter les possibilités d’abattage, ces deux arrêtés allaient très clairement dans la direction opposée. Notre association les avait donc attaqués coup sur coup devant le tribunal administratif. Ce dernier a rendu ses jugements ce 17 octobre.
« L’arrêté tir » a été annulé par le juge car le public n’avait pas été suffisamment informé de l’état de la population de blaireaux dans l’Ain, de la nature des dégâts qui leur sont reprochés et de la soi-disant nécessité de réguler cette espèce. Ce jugement*, même s’il va dans le sens que nous espérions, nous laisse un goût d’inachevé. Le tribunal n’a en effet pas souhaité se prononcer sur les aspects les plus problématiques de cet arrêté: chasse dans l’ensemble du département, de jour et de nuit, piégeage et tirs « d’opportunité » même en l’absence de dégâts de blaireaux avérés, en période d’élevage des petits nés pendant l’hiver…
« L’arrêté vénerie », qui autorisait le déterrage des blaireaux du 15 mai au 31 août 2022, n’a malheureusement pas été annulé par le tribunal**. Les arrêtés de 2020 et 2021 l’avaient pourtant été à notre demande. Alors que de nombreux tribunaux administratifs sont de plus en plus sensibles aux arguments portés par les associations de protection de la nature quant à la pratique de la vénerie sous terre du blaireau, celui de Lyon garde malheureusement une position très bienveillante à l’égard de cette pratique.
Cependant, si le salut des blaireaux aindinois ne vient pas de la Justice, il viendra probablement des services de l’Etat. Ceux-ci ont en effet commencé à adopter en 2023 une position beaucoup plus conciliante. Ainsi, si un nouvel « arrêté tir » a été signé cette année, il se montre beaucoup plus restrictif quant aux conditions de mise en œuvre des tirs de régulation. Nous avons donc décidé de ne pas l’attaquer en attendant de faire le bilan de son application en 2024. Concernant la période complémentaire de vénerie sous terre, un arrêté a été signé comme chaque année. Mais la pratique qui était autorisée trois mois et demi par an jusqu’à présent ne l’a été qu’un mois et demi cette année. Nous avons attaqué cet arrêté***. Mais au regard des départements chaque année plus nombreux qui n’autorisent plus de période complémentaire de vénerie, et de la position de plus en plus pragmatique des services de l’Etat sur la gestion de l’espèce blaireau, nous avons l’espoir que cette chasse de loisir ne sera plus autorisée dès 2024 dans l’Ain.
* recours porté avec la LPO AURA
** recours porté avec FNE AURA et la LPO AURA
*** recours porté avec FNE AURA, la LPO AURA, AVES France et One Voice
Cette action est prise en charge par FNE Ain grâce à notre juriste. Mais, vous le savez, les moyens sont limités sur ces actions que les institutionnels ne veulent pas financer. Alors, pour que quelqu’un continue d’agir en justice pour les blaireaux et toute autre espèce, faites un don pour soutenir l’action en justice contre l’autorisation de vénerie.
Je donne pour lutter contre la vénerie sous terre
https://www.fne-aura.org/ain/faire-un-don/
Publié par FNE Ain
Le Mardi 31 octobre 2023
https://www.fne-aura.org/actualites/ain/justice-pas-de-fusils-contre-les-blaireaux-mais-toujours-des-pelles-et-des-pinces/
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