Témoignage de la construction d’une mare à la Cressonnière du Bugey
On estime que 40% de toutes les espèces animales et végétales dépendent des zones humides, de ce fait ces milieux sont indispensables à la biodiversité. De nos jours, elles sont soit détériorées soit elles ont complètement disparu sur certains secteurs notamment, car l’homme n’en a plus l’utilité. Éva Descombes, volontaire en service civique à FNE Ain nous partage son expérience sur un chantier de création de mares.
Les mares ont longtemps fait partie du quotidien dans les campagnes. Elles étaient utilisées dans les fermes comme abreuvoirs, pour laver du linge et pour construire des maisons avec la terre extraite du trou d’eau… Au fur et à mesure des années, nombre d’entre elles ont disparu. En France, on estime que cela concerne 50% des zones humides depuis les années 60, et ce principalement du fait de l’urbanisation (anthropisation).
Ce constat est alarmant car ce sont des milieux exceptionnellement riches en biodiversité. Amphibiens, libellules, demoiselles et bien d’autres animaux y trouvent un habitat ou une réserve d’eau. Elles font aussi office de lieu de reproduction et de lieu de transit pour certaines espèces d’oiseaux.
Mare naturelle
Les mares se situent dans différents écosystèmes et chaque mare possède ses espèces propres, ses particularités physiques, ce qui rend chacune d’elle unique. Comme tout milieu naturel, les mares fonctionnent en réseau. Les échanges entre elles, comme les déplacement d’espèces ou les flux aquatiques, en font un filet de protection pour la biodiversité et un système d’épuration et de stockage d’eau ultraperformant.
Ce sont de véritables éponges qui se remplissent en hiver et permettent de garder l’eau accessible plus longtemps et de la restituer en été. Les mares font office de zones fraiches en ville et en campagne. Elles ont aussi pour rôle de diminuer les inondations, contribuent à l’infiltration de l’eau dans les nappes et à la filtration de ces eaux.
Fort de ces constats, FNE Ain s’engage depuis plusieurs années pour la connaissance et la protection des mares, mais également pour la restauration ou la création de nouvelles mares.
Une dizaine de chantiers ont déjà été réalisés. Le dernier, réalisé en 2022 se déroulait à l’exploitation maraîchère d’insertion «la Cressonnière du Bugey».
Mare à la Cressonière du Bugey
Création d’une mare
La réalisation d’une mare est assez aisée si la main d’œuvre est proportionnelle à l’ampleur du chantier. Le principe est simple: creuser un trou en prenant soin de faire plusieurs paliers pour favoriser la croissance de divers végétaux. La nature du sol est aussi très importante, car elle permettra ou non la rétention d’eau. Un sol assez argileux permettra une étanchéité naturelle, autrement il faudra contourner ce problème en mettant en place une bâche encadrée par deux géotextiles.
Pose du premier géotextile
Pose du dernier géotextile
L’emplacement de la mare est crucial. Par exemple, avoir fait une études de sol avant de creuser, privilégier un point bas du terrain, la connexion avec une haie, situer la nouvelle mare en fonction de la situation des autres mares du territoire ou encore éviter les zones de construction. Pour ce dernier point, des mares se situant en milieu urbain n’atteindraient que le quart de leur réel potentiel concernant le nombre d’espèces. (OERTLI et Al, Contribution des plans d’eau urbains à la conservation de la biodiversité, 2019).
La plupart de ces chantiers sont rendus possibles grâce à l’engagement de bénévoles. Ces moments sont aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes sensibles aux causes environnementales dans un cadre convivial. Un naturaliste est présent systématiquement pour encadrer le chantier et permettre à chacun.e de renforcer ses connaissances. Nous bénéficions également de l’aide précieuse de personnes en insertion professionnelle comme lors de ce chantier avec les employé.es de la Cressonnière du Bugey.
Chantier Haie de Vaux-en-Bugey
Chantier mare la Cressonière du Bugey
La préparation du chantier
Le bon déroulement d’un chantier va de pair avec une bonne préparation en amont. Prévoir les bêches, les pelles et la bâche si nécessaire. Un des enjeux de ces chantiers est de faire découvrir de nouvelles choses aux participants.
Certaines difficultés peuvent venir au cours du chantier comme la non-préparation du terrain et le peu de main-d’œuvre pour une grande mare. Martin, service civique biodiversité à FNE Ain, raconte que sur un des chantiers auquel il a participé, les travaux n’ont pu être terminés en une journée à cause du manque de bénévoles.
Il ne s’agit que de quelques cas à part, mais une des principales difficultés pour réaliser les chantiers est la nature du sol, car le sol peut être assez dur et il peut y avoir énormément de cailloux. Il est préférable aussi d’avoir un beau soleil lors de ces chantiers pour le confort et le moral des participant.es. Comme lors du chantier à la Cressonnière où le soleil est venu nous réchauffer la peau !
Mare à la Cressonnière du Bugey
L’idéal pour notre futur et pour un environnement résilient (capable d’accueillir le vivant, de retenir et filtrer l’eau) serait de récréer de vrais écosystèmes avec des mares et des haies. Bien entendu, cela prend du temps, mais c’est en bonne voie: par exemple, sur notre chantier à la cressonnière du Bugey, deux mares ont été créées, plusieurs haies ont été plantées en 2022 et une haie a été plantée en 2023 à côté de la mare, ce qui va permettre de retrouver un réel écosystème de bocage très intéressant pour la flore et la faune.
Mare de la Cressonnière du Bugey après le chantier
Mare de la Cressonnière du Bugey 2 mois après
Pour avoir participé au dernier chantier de 2022, je peux vous dire que c’était très agréable à faire, être dehors et donner de sa personne est vraiment bénéfique pour le corps et l’esprit. J’ai réellement l’impression d’avoir fait quelque chose qui servira dans le futur.
Anne et Martin, deux services civiques de France Nature Environnement Ain, ont participé à des chantiers de création de mares et de haies. Ils racontent que c’est avant tout un moment d’échange convivial. On y découvre d’autres personnes, et malgré le fait que ces chantiers se passent en hiver, on se réchauffe vite. Ce qui est important pour eux est d’avoir un nombre suffisant de personnes. Cela permet de se relayer et finir plus rapidement, mais aussi de passer un agréable moment.
Venez nous aider pour les chantiers à venir en embarquant aussi vos ami.e.s et/ou votre famille, car c’est toujours plaisant d’avoir une bonne ambiance sur le chantier. Elle va se ressentir sur le travail fourni et le moral.
Si vous voulez agir avec nous, vous pouvez aussi référencer les mares que vous connaissez ou que vous rencontrez sur le site « Mares, où êtes-vous ? ».
Faire ce recensement est très important, car cela nous permet de savoir où sont ces mares, si elles sont en bon état et sont capables de remplir leur rôle écologique.
Eva Descombes, volontaire en service civique à FNE Ain
https://www.mares-libellules.fr/
Publié par FNE Ain
Le Mardi 21 mars 2023
https://www.fne-aura.org/actualites/ain/mares-et-vous/
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