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Bouquetins du Bargy – Nouveaux abattages en vue… encore…

Rien n'y fait ! En dépit de la décision judiciaire suspendant les abattages indiscriminés pour 2022, l'Etat veut quand même faire abattre dès cet automne tous les bouquetins non encore contrôlés du massif du Bargy, soit 75 individus.

Mercredi 13 juillet 2022 Agriculture Biodiversité Santé

– Alors que la justice a donné raison aux associations en mai en suspendant un projet qui visait à abattre 170 bouquetins de façon indiscriminée (sans tests préalables),

– Alors que les scientifiques du CNPN (Conseil National de Protection de la Nature) émettent à nouveau un avis unanimement défavorable (moins 1 abstention) à ce nouveau projet d’abattage indiscriminé,

Alors que le taux de prévalence de la maladie se situe autour de 4% (taux vérifié ce printemps lors de la campagne de capture / euthanasie),

L’État propose un nouvel arrêté afin d’abattre les derniers bouquetins non marqués du massif. Ceci revient donc à abattre de façon indiscriminée 75 bouquetins pour éliminer 4 individus éventuellement porteurs de la bactérie !

Nous rappelons notre ligne de conduite depuis 2012 et l’apparition de la brucellose sur le massif du Bargy :

  • les campagnes d’abattage indiscriminé comportent un risque important de fuite d’individus potentiellement positifs sur les massifs voisins (Aravis et Glières).
  • pas d’abattages indiscriminés des animaux sauvages et domestiques ! En 2022, des solutions permettant de préserver les animaux sains peuvent être trouvées afin de préserver les bouquetins et d’éviter les abattages de troupeaux comme cela a pu être le cas à Saint Laurent en janvier 2022.

Réagissez avec nous !

Il est important de participer nombreux à cette consultation pour exprimer notre désaccord sur les abattages prévus.

Les avis doivent être envoyés au plus tard le 25 juillet 2022 à cette adresse : ddt-consultations-publiques@haute-savoie.gouv.fr

Notre réponse à la consultation publique :

Merci de ne pas faire de copier/coller et mettre en avant vos arguments personnels.

Monsieur le Préfet,

Nous tenons tout d’abord à dénoncer l’insuffisance manifeste des documents mis à disposition du public pour cette nouvelle consultation. En effet, seuls sont fournis une note de présentation succincte de deux pages, rédigée par la DDT, et votre projet d’arrêté. Ces éléments sont tout à fait insuffisants pour apprécier les enjeux et le bienfondé de votre demande de destruction de 75 bouquetins, espèce protégée et patrimoniale. Il n’est pas à nos yeux admissible, et le juge nous donnera certainement raison, que la délibération n° 202232 du CNPN, en date du 16 juin 2022, ne soit pas fournie.

Cet avis motivé du CNPN, défavorable à l’unanimité contre votre projet d’arrêté, moins une abstention, est accablant. Il nest pas dans lintérêt général den avoir omis la mise à disposition. Sur le fond maintenant, nous regrettons profondément que les pouvoirs publics n’aient une nouvelle fois pas pris en compte, dans le projet d’arrêté, l’avis du CNPN émis à l’issue de sa séance du 16 juin dernier. Il y avait là une opportunité de mettre en œuvre des mesures raisonnées issues des évaluations de 2015 et 2021 de l’ANSES, soutenues par la sphère scientifique à travers cet avis du CNPN défavorable à l’unanimité, moins une abstention , mais la pression politique et économique a encore une fois pris le dessus sur la raison scientifique, ainsi que sur le droit.

Nous reprenons ciaprès les arguments qui auraient dû selon nous fonder votre décision :

  1. Le CNPN considère que les arguments qui avaient été donnés dans son précédent avis, défavorable, du 27 janvier 2022, sont toujours d’actualité, voire même renforcés par les nouvelles données acquises dans le massif du Bargy durant ce 1er semestre 2022.
  2. La stratégie de maîtrise sanitaire mise en œuvre ces dernières années a permis de diviser par 10 le nombre d’individus atteints et de parvenir à « la phase épidémiologique où l’on peut espérer une extinction spontanée du foyer ». Il serait très dangereux de casser cette dynamique par des mesures inappropriées.
  3. La prévalence apparente de la brucellose sur les bouquetins non marqués est de 5,2 % et une fois corrigée en prenant en compte la totalité des animaux marqués et non marqués , elle sera encore plus faible.
  4. Une simple règle de trois sur les individus non marqués restants (nombre estimé à 75) suggère qu’il resterait environ 4 bouquetins positifs envers la brucellose dans tout le massif. Cela illustre la disproportion qu’il y aurait à vouloir abattre tous les individus non marqués pour ces quelques individus.
  5. Les données collectées durant ce premier semestre 2022 permettent de calculer un indiceclé qui n’était pas accessible jusqu’à présent : l’incidence (= taux de nouveaux cas par unité de temps), que l’on peut estimer en première approche à 0,4 % par an. Contrairement à ce que vous affirmez, l’argument d’une reprise d’une circulation active de l’infection brucellique évoqué dans les CONSIDERANT du projet d’arrêté préfectoral n’est pas fondé.
  6. Le niveau exceptionnel de captures réussi en quelques semaines par les équipes de lOFB montre que largument invoqué par vos services depuis plusieurs années plafond de captures situé entre 30 et 50 individus par an nest pas non plus recevable.
  7. L’objectif d’éradication sur un très court terme, pouvant conduire à des effets précipités et inappropriés, n’est pas pertinent. En conséquence, la dérogation au statut d’espèce protégée qui autoriserait l’abattage de 75 individus d’ici la fin de l’année 2022 n’est pas fondée.
  8. Il est donc essentiel de s’en tenir (en la poursuivant en 2022), lorsque les animaux seront de nouveau accessibles (en dehors de la période de mise bas et d’élevage des jeunes), l’action de capture pour laquelle les équipes de l’OFB ont su montrer leur compétence.
  9. Par ailleurs, les règles de maîtrise sanitaire bâties sur les animaux domestiques, dans un contexte de possibilité de contention et contrôle exhaustifs de tout le cheptel, sont inefficaces sur la faune sauvage en milieu naturel.
  10. La recherche de solutions alternatives est restée jusqu’à présent nettement insuffisante. La mise en œuvre de mesures concrètes de biosécurité visàvis des cohabitations domestiques / sauvages reste réduite à la portion congrue, alors qu’elle constitue un élément décisif en capacité d’apporter des réponses aux interrogations des éleveurs. L’insuffisance de l’accompagnement des mesures sanitaires offensives par des mesures de biosécurité est soulignée tant par le CNPN que par l’ANSES, et elle est en outre confirmée par le juge.
  11. Avec le CNPN, nous demandons notamment que des mesures élémentaires de gestion dans l’espace et dans le temps de la ségrégation domestique / sauvage soient mises en place, dans une perspective temporaire, pour accompagner la fin de l’action de maîtrise sanitaire sur ce foyer de brucellose.

Vous comprendrez que pour toutes les raisons invoquées, nous ne puissions une nouvelle fois cautionner votre projet d’arrêté, à savoir l’abattage de bouquetins sans contrôle sanitaire préalable.

Nous vous demandons instamment de ne pas promulguer votre arrêté en létat et de prendre en compte tant les avis du CNPN que ceux exprimés majoritairement par la société civile.

Publié par FNE Haute-Savoie

Le Mercredi 13 juillet 2022

https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/bouquetins-du-bargy-nouveaux-abattages-en-vue-encore/

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