Soutenez-nous, faites un don !

— Actualités —

Retenue d’altitude à Beauregard (La Clusaz) : la fuite en avant continue…

A La Clusaz, une enquête publique est en cours relative au projet d’aménagement de la retenue d’altitude de la Colombière sur le plateau de Beauregard.

Mardi 24 août 2021 Climat Eau Montagne

La commune de La Clusaz projette de lancer à l’automne la construction d’une imposante retenue collinaire. Celle-ci sera située dans le bois de la Colombière, sur le plateau de Beauregard. Elle sera destinée pour 1/3 à alimenter le village en eau potable, et 2/3 à la production de neige artificielle. En effet, l’objectif de la commune est de couvrir 45% de son domaine skiable en neige artificielle, contre 27% aujourd’hui. A l’heure où nos territoires doivent plus que jamais s’adapter au changement climatique, et lutter contre son réchauffement qui est deux fois plus rapide dans les Alpes du nord, ce projet nous donne l’impression d’une fuite en avant absurde.

De quoi est-il question exactement ?

Construire une retenue collinaire de 148 000 m³, à 1500m d’altitude, au lieu-dit La Colombière dans le massif de Beauregard. Le tout sur une emprise de 3,8 hectares avec une digue de 12 mètres de haut, impactant près de 8 ha d’habitats naturels particulièrement riches et préservés. Visuellement, elle ressemblera aux lacs artificiels que l’on peut déjà retrouver en nombre dans nos montagnes.

Pourquoi s’y intéresser ?

A travers ce type de projet, c’est l’évolution de nos territoires de montagne qui se joue. En effet, une telle retenue représente des investissements publics conséquents dans des équipements structurants et lourds à court terme. Leur amortissement, lui, se compte en décennies. Cela se fait au détriment d’une réorientation de l’activité tenant compte du changement climatique.

De plus, la création de retenues d’altitude pose un ensemble de questions environnementales très actuelles. En premier lieu la problématique de la ressource en eau, mais aussi l’artificialisation des sols, la destruction de la biodiversité, et la consommation énergétique, entre autres.

En effet, la raréfaction des ressources naturelles pose avec acuité la question de l’usage de l’eau et de la préservation de la biodiversité. Faut-il augmenter les besoins en neige artificielle ou en capacité touristique quand on doit économiser les ressources – par nature limitées – et réduire les dépenses énergétiques ?

Photomontage d'illustration - Pierre Tardivel

Que reprochons-nous au projet ?

Une menace hydrologique

Nous soulignons l’absence ou l’insuffisance des études concernant les prélèvements en eau (en particulier le captage de la Gonnière) et leurs impacts environnementaux sur les cours d’eau : ruisseau du Nom, ruisseau de La Patton et Nant des Prises. Nous craignons les conséquences du projet sur le fonctionnement hydrologique. Le dossier, insuffisant, ne permet pas de lever ces craintes.

Une localisation catastrophique :

Le projet est situé dans l’immédiate proximité de nombreux zonages réglementaires ou d’inventaires. Cela témoigne de la richesse environnementale du site du plateau de Beauregard (5 habitats d’intérêts communautaires, ZNIEFF 1 et 2, tourbière faisant l’objet d’un APPB).

Quelle consommation énergétique ?

Les impacts du projet sur les consommations énergétiques et le climat sont analysés de manière beaucoup trop succincte. Le dossier d’autorisation environnementale conclut à un niveau potentiel faible en phase d’exploitation. L’argument est que la distribution depuis la retenue de l’eau s’effectuera gravitairement, limitant ainsi les consommations énergétiques. Cependant, le public ne reçoit aucune information concernant les consommations énergétiques nécessaires pour alimenter la retenue de Beauregard en eau depuis le captage de la Gonière, puis pour remonter les m³ d’eau de la retenue qui seront évaporés dans un contexte marqué par le réchauffement climatique et la contraction des ressources en eau. Comment dès lors s’inscrire dans la sobriété énergétique exigée par la loi de transition énergétique ?

Ce n’est pas un projet d’adaptation au changement climatique

L’argument comme quoi 1/3 de la retenue de Beauregard serait consacré à l’eau potable nous semble fallacieux. Il s’agit avant tout de continuer à produire de la neige artificielle. Arguer que la retenue va permettre la production d’eau potable vise à la faire reconnaître comme d’intérêt public majeur. Cela facilitera réglementairement la destruction d’espèces et d’espaces protégés. En outre, expliquer qu’il s’agit de sécuriser l’accès à l’eau potable pour les populations présentes et futures nous semble malhonnête et manipulateur. Cela agite la peur de la pénurie d’une part, et présente la retenue comme la seule solution envisageable d’autre part. Rappelons que 270 000 mètres cubes sont déjà disponibles et potabilisables, à travers les 4 autres retenues.

Le projet de la création de la nouvelle retenue traduit un prélèvement accru de la ressource en eau à la fois pour l’eau potable et pour le développement de la neige de culture. De ce fait, l’Autorité Environnementale a recommandé à la commune d’approfondir toute alternative à la création de la retenue du plateau de Beauregard, en lien avec le changement climatique. Ces alternatives ne nous semblent pas avoir été étudiées, et les autres sources potentielles n’ont pas été investiguées.

On voudrait faire passer pour de l’adaptation ce qui est avant tout obstination à ne pas faire évoluer le modèle qui a déjà tant rapporté. Alors on raisonne encore dans le court terme. Or il est plus que temps d’adapter les besoins aux ressources. Nous devons n’envisager que le strict nécessaire, aussi bien en équipement qu’en consommation.

Participation à l’enquête publique

Nous sommes convaincus que des alternatives sobres existent pour le territoire de La Clusaz. Il est urgent que ce territoire s’adapte dès maintenant, et non dans 30 ans comme le souhaite la commune. Notre participation à l’enquête publique ira dans ce sens. Attention, il ne s’agit pas d’une posture idéologique. Les données scientifiques existantes, les textes réglementaires encadrant l’usage de l’eau, ainsi que les doctrines étatiques en matière de neige artificielle, vont également dans ce sens.

Vous aussi, participez à l’enquête publique et faites entendre votre voix !

Cliquez ici pour retrouver notre communiqué de février 2021.

Publié par FNE Haute-Savoie

Le Mardi 24 août 2021

https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/retenue-daltitude-a-beauregard-la-clusaz-la-fuite-en-avant-continue/

Partager


Je relaie

J'agis

Soutenez notre indépendance financière

Adhérez Faites un don

Avantage réduction d'impôts