Réflexions sur la chasse au sein de FNE Isère
Souvent d'actualité, la chasse est un sujet complexe, y compris au sein de nos associations de protection de la nature. Cet article témoigne de la réflexion en cours au Conseil d'Administration de FNE Isère sur le thème de la chasse.
Le nombre d’animaux victimes de la chasse est mal connu car il n’y a pas de comptage officiel. On trouve des estimations autour de 30 millions d’animaux tués par an. Chaque année, des promeneurs pâtissent, parfois gravement, de balles perdues. Des espèces rares ou menacées d’extinction restent chassables. Dans le même temps, le souci du vivant et les préoccupations pour la biodiversité progressent dans la population. Ainsi, la chasse devient un sujet de plus en plus clivant.
Dans son projet associatif adopté en 2021, FNE Isère exprime l’ambition de favoriser une évolution sociétale refondant nos rapports à la nature et au vivant. Nous affichons deux valeurs qui percutent la question de la chasse :
- Vivant parmi et avec les autres vivants, nous sommes au service du monde vivant. Le Vivant par-dessus tout (…)
- Faisons confiance à la nature qui se régénère et prospère, comme les forêts en libre évolution, dès lors que ses habitats, les milieux terrestres et aquatiques, sont préservés.
C’est dans ce contexte que le Conseil d’Administration a initié une réflexion sur la chasse. Réflexion inachevée tant le sujet est vaste et difficile, mais réflexion partagée ici, à poursuivre.
Des revendications communes
Si FNE Isère ne se dit pas « opposant » à la chasse, il y a un souhait commun d’émettre des revendications ciblées et de ne pas en rester au statu-quo.
Réduire le nombre d’espèces chassées
Le nombre d’espèces chassées est beaucoup trop élevé. Nous demandons par exemple l’arrêt de la chasse du tétras-lyre, espèce emblématique de nos montagnes et dont la population est fragile. Citons aussi le renard qui est chassé alors que c’est un véritable auxiliaire de l’agriculture, évitant la prolifération des rongeurs, limitant la propagation de la maladie de Lyme.
S’appuyer sur des données scientifiquement établies
Les besoins éventuels de “régulation” doivent être évalués de manière scientifique à partir du rôle écosystémique des populations chassables, incluant les services rendus, et pas seulement à partir de l’observation des dégâts causés aux cultures ou aux forêts.
L’absence de raisons scientifiques justifiant le besoin de tuer des cervidés est un des motifs à l’origine de la pétition contre l’ouverture de la chasse dans la propriété du Conseil départemental de l’Isère dans la Réserve naturelle des Hauts plateaux du Vercors.
Instaurer le dimanche sans chasse
Aujourd’hui, en Isère, seul le vendredi est un jour de non-chasse. Un dimanche sans chasse faciliterait l’accès à la nature sans crainte.
Renforcer la sécurité
Il s’agit d’éviter les accidents de chasse et de faciliter l’accès à la nature. Les dispositions sont à étudier en concertation localement. Parmi les mesures citées : limiter la portée des armes, contrôler plus strictement les capacités des chasseurs, élargir les périmètres de sécurité autour des habitations.
Interdire la chasse de loisirs dans les espaces protégés
L’autorisation de la chasse dans les espaces protégés, notamment les réserves naturelles, est souvent le résultat d’un compromis historique conclu lors de la création de la réserve. Ces compromis n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. Ils sont contradictoires avec le fait que les activités de loisir des non-chasseurs peuvent être considérées comme perturbatrices et sont donc encadrées, limitées voire interdites du fait du statut de réserve naturelle.
Une pluralité d’opinions au Conseil d’Administration
Les questions soulevées par la chasse suscitent de nombreux débats dont nous donnons ici quelques échos.
En France où la nécessité de chasser pour se nourrir a disparu, pouvons-nous encore considérer les animaux comme des ressources ? Peut-on accepter un loisir dont la vocation est de tuer ? La chasse est-elle compatible avec la préservation de la biodiversité ? La “régulation” des espèces sauvages est-elle nécessaire ? Comment doit-elle se faire ? Comment réagir quand des sangliers ou des cerfs causent des dégâts aux cultures ou aux jeunes boisements ? Dans le cas particulier du département de l’Isère qui est notre domaine de compétence, quels sont les points clés sur lesquels il faudrait évoluer ?
A ces questions de fond s’ajoutent des discussions tactiques que l’on peut schématiser en deux options :
- prendre une position de principe sur la fin de la chasse en cohérence avec notre projet associatif et l’attente de nombreux adhérents et sympathisants,
- progresser par étapes avec des revendications ciblées, progressives, centrées sur la situation de notre département, entérinant le besoin de régulation et entendables par une partie des chasseurs.
Ainsi, l’idée de l’interdiction, ou non, de la chasse suscite une pluralité d’opinions :
- de principe : contradiction avec le respect du vivant / besoin réel pour contrôler certaines populations de sangliers ou cervidés,
- tactique : afficher une vision de ce que nous pensons souhaitable et faisable à long terme / privilégier des objectifs atteignables à court ou moyen terme.
La chasse aux animaux d’élevage (faisans, perdrix …) qui ne menace pas la biodiversité interroge la place de l’éthique dans nos positionnements. Pour élargir la réflexion, on peut souligner que la pratique de l’élevage existe aussi dans le monde de la pêche (alevinage) où se développe aussi le “no kill” (pêche avec remise à l’eau).
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Cet article est inachevé et provisoire car la réflexion se poursuivra…
Pour aller plus loin, les autres articles du dossier sur la chasse (janv. 2022) :
Publié par FNE Isère
Le Jeudi 06 janvier 2022
https://www.fne-aura.org/actualites/isere/reflexions-sur-la-chasse-au-sein-de-fne-isere/
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