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Coronavirus : symptôme d’une nature sacrifiée

Après le coronavirus, faudra t-il se préparer à d'autres pandémies ? Quelles sont les causes probables de la pandémie du coronavirus ? Quels aspects de nos modes de vie devons-nous remettre en question pour construire demain ?

Mardi 31 mars 2020 Biodiversité Santé

Depuis les années 70, tous les 5 ans, un nouveau virus émerge. Ebola, Sida, vache folle, grippe aviaire, Sras, et aujourd’hui le Covid-19. Après le coronavirus, faudra t-il se préparer à d’autres pandémies ? Quelles sont les causes probables de la pandémie du coronavirus ? Quels aspects de nos modes de vie devons-nous remettre en question pour construire demain ?

L’émergence de nouveaux virus

Le coronavirus, comme beaucoup d’autres virus, nous vient d’Asie du Sud-Est, où une grande densité de population, un habitat précaire et l’augmentation de l’élevage industriel favorisent la propagation des virus.
Ce à quoi il faut ajouter la déforestation massive, qui rapproche les espèces sauvages du centre de la Chine vers les grandes villes. L’hypothèse est ici une propagation via les chauves-souris, mais peut-être également par le pangolin. Cependant, il nous manque encore l’hôte intermédiaire entre ces deux espèces et l’homme.

La consommation d’animaux sauvages à proscrire

Les marchés d’animaux vivants sont une des causes probables supplémentaires. En 2002-2003, lors de l’épidémie de Sras, ils ont notamment été des foyers identifiés de contagion. Des poulets, des chiens, des pangolins, et d’autres espèces y sont entassés dans des caisses empilées. Dans ces conditions, les animaux sauvages traqués, piégés et capturés se trouvent en état de stress absolu, décrit François Moutou, vétérinaire et épidémiologiste qui a travaillé sur le Sras. Leurs défenses immunitaires s’amoindrissent et les agents pathogènes se multiplient.
D’après des études récentes, le Covid-19 aurait été lui aussi transmis aux humains via les marchés d’animaux vivants à Wuhan.

La déforestation en première ligne

« Le problème n’est pas la chauve-souris, le problème est en amont : c’est la destruction des habitats naturels et le non-respect de leur biodiversité », dit Jean-François Guégan, chercheur à l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), à Montpellier.

En Malaisie, un lien a été établi entre la propagation d’un virus et la production d’huile de palme. En Côte d’Ivoire, Ebola a proliféré dans une zone d’intense de déforestation. Ainsi, l’extension massive des monocultures agricoles (céréales, oléagineux, café, cacao…) favorise la diffusion d’agents pathogènes. « Dans une prairie où poussent une centaine d’espèces végétales, un virus peut se perdre. Mais face à un champ de 10 hectares de maïs, il peut se répandre sans limite. » pointe François Moutou.

Le rôle de l’élevage industriel

La sélection de poulets et de porcs dans les élevages industriels standardise les individus. Ils deviennent ainsi plus vulnérables aux virus, comme ceux de la grippe aviaire ou de la peste porcine.
Les chauves-souris et les oiseaux nous envoient des messages pour nous dire que notre mode de consommation et de circulation n’est pas le bon. La crise actuelle doit nous faire réfléchir aux causes écologiques et sociales des pandémies : modification des habitats naturels, consommation de viande et de produits d’animaux sauvages, massification du transport mondial. Pour Jean-François Guégan, les origines de la propagation du coronavirus « n’ont rien à voir avec des causes strictement sanitaires ». Elles sont liées à notre modèle économique.

Un espoir : la biodiversité !

Selon Serge Morand, qui a publié en 2016 La Prochaine Peste, livre au titre prémonitoire : « Tant que la biodiversité continuera de s’éteindre, ce genre d’épidémie se reproduira. Il faut se saisir de cette crise pour s’attaquer aux causes, et non pas traiter les conséquences. »
Une des meilleures préventions contre les pandémies est le respect des équilibres naturels.

Michel Jarry & Jean-Pierre Crouzat

Sources

– Interview de Frédéric Heck, anthropologue sur France Inter, le 20 avril, auteur du livre «Les sentinelles des pandémies», à paraître
– Le coronavirus, «un boomerang qui nous revient dans la figure» (Article du 22 mars 2020 par Jade Lindgaard et Amélie Poinssot pour Médiapart (mediapart.fr)

Pour aller plus loin

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Mardi 31 mars 2020

https://www.fne-aura.org/actualites/region/coronavirus-symptome-dune-nature-sacrifiee/

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