Soutenez-nous, faites un don !

— Actualités —

Eau : La maladaptation jusqu’à l’obstination !

Si les « Assises de l’eau », menées sous la présidence de François Hollande, avaient abouti à des conclusions de répartition équilibrées et acceptables par toutes les parties prenantes, le « Varenne de l’eau », conclu en février dernier par Jean Castex alors premier ministre, a été boycotté par les associations de protection de la nature et de l’environnement.

Mardi 18 octobre 2022 Agriculture Climat Eau

Pourquoi toujours vouloir augmenter contre vents et marées les surfaces irriguées en créant des réserves d’eau en surface alors que l’immense majorité des scientifiques alertent sur l’inadaptation de ces mesures pour faire face aux conséquences du changement climatique qui s’abat sur nous ? Nous avons l’exemple de l’Espagne sous les yeux et nous irions faire les mêmes erreurs ? « Errare humanum est, perseverare diabolicum » !*

L’adaptation n’est pas chose simple et encore moins simpliste comme voudrait le laisser penser le faux bon sens paysan de la FNSEA. Stocker l’eau excédentaire en hiver dans des réservoirs de surface pour l’utiliser en été est une ineptie. Les précipitations automnales et hivernales sont ces dernières années le plus souvent insuffisantes ou tout juste suffisantes pour recharger les nappes phréatiques. Les pomper l’hiver est le meilleur moyen d’empêcher leur recharge avec en prime l’assurance d’un été sans eau pour les autres usagers de l’eau, c’est à dire nous ! C’est aussi l’assurance de ne pas adapter les pratiques agricoles et de continuer à dessécher le sol avec des cultures inadaptées, au premier rang desquelles le maïs, mais aussi la betterave sucrière et la vigne (pour la distillation) et ainsi aggraver la sécheresse des sols et la disparition des nappes d’eau. De plus, ce stockage de surface entraîne l’évaporation d’une très grande quantité d’eau (jusqu’à 40%) alors que si l’eau restait dans les nappes, ces pertes par évaporation seraient nulles.

Pourquoi s’obstiner à irriguer ces cultures qui, rappelons-le encore une fois, ne sont pas toutes dédiées à l’alimentation humaine, mais pour beaucoup destinées à nourrir nos moteurs avec de l’éthanol, fabriquer du plastique et accessoirement nourrir des porcs et des volailles dans des conditions indignes ?

Il faut au contraire favoriser l’infiltration de l’eau dans les sols en diminuant le ruissellement et la vitesse d’écoulement des cours d’eau. Il faut restaurer la capacité des sols à retenir l’eau en adoptant des techniques agricoles permettant d’augmenter la quantité d’humus, ce qui permettrait par ailleurs de stocker du carbone et de réduire nos émissions de gaz à effet de serre

On persiste parce qu’il est question de profit des irrigants : le maïs est une culture bien valorisée et à haut rendement (surtout quand l’eau est gratuite et les réserves payées par le contribuable !).

Il nous faut donc une fois de plus résister pour éviter le pire et l’irrémédiable, combattre de toutes nos forces les projets de bassines et autres méga-retenues alimentées par ruissellement hivernal mais surtout par pompage. Les systèmes agricoles doivent s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Les techniques agroécologiques permettant le stockage du carbone et l’infiltration de l’eau dans les sols doivent être promues. Un truc bête de nos aïeux : les talus et les haies, le truc moderne : la couverture permanente des sols ! Heureusement, nous ne sommes pas seuls, la Confédération Paysanne est sur la même ligne que nous et on ne peut pas lui reprocher d’être déconnectée du monde agricole !

Eric Feraille
Edito Newsletter Octobre 2022

PS : Évidemment, les petites réserves d’eau nécessaires au maraîchage, à l’arboriculture et à l’abreuvement du bétail ne sont pas un sujet car les besoins sont minimes.

* « L’erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique ».

Crédit photo : Nature Environnement 17.

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Mardi 18 octobre 2022

https://www.fne-aura.org/actualites/region/eau-la-maladaptation-jusqua-lobstination/

Partager


Je relaie

J'agis

Soutenez notre indépendance financière

Adhérez Faites un don

Avantage réduction d'impôts