Petites centrales hydroélectriques : nos réserves
Les petites centrales sont des barrages installés en rivière, le plus souvent en territoire de montagne. Elles visent la production d’électricité et fonctionnent au fil de l’eau . En effet, elles ne s’appuient en aucun cas sur des retenues de lacs ou d’écluses. C’est ce qui les distingue des grosses centrales hydrauliques. Il existe plus de 2000 petites centrales, mais elles représentent moins de 10% de la production hydroélectrique nationale. Malgré leurs conséquences écologiques catastrophiques, les pouvoirs publics n’ont de cesse d’encourager leur développement.
Le faible intérêt économique des petites centrales
Les petites centrales produisent une quantité d’énergie négligeable, avec un faible rendement.
L’énergie produite par les petites centrales est très modeste. Elle ne représente actuellement que 0,25% de notre consommation d’énergie. Les pouvoirs publics entendent développer le parc des petites centrales à hauteur de 50%. Or, même en suivant ces préconisations, seule 0,5% de notre consommation d’énergie serait ainsi assurée.
Par ailleurs, la petite hydroélectricité n’offre aucune garantie sérieuse d’approvisionnement. En effet, elle dépend du débit des cours d’eau. Ce débit varie au minimum de 1 à 10 au cours d’une même année, et de 50% d’une année sur l’autre. En outre, cette technique peut être défaillante en cas de crue ou d’étiage sévère[1]. Et ceci, sans compter des incidents réguliers de fonctionnement. Si leur production varie moins d’un jour sur l’autre, comparée aux autres énergies renouvelables[2], les petites centrales ne répondent pas aux variations de la demande. Cette dépendance aux débits des cours d’eau rend la petite hydroélectricité très vulnérable aux effets du changement climatique. Enfin, cette technique ancienne produit un kWh plus cher que celui des autres sources renouvelables qui baisse régulièrement.
Seuil d'un ancien moulin sur l'Aveyron équipé d'une passe à poisson à Compolibat (12)
Des conséquences désastreuses sur l’environnement
L’hydroélectricité bénéficie d’une image favorable en tant qu’énergie « verte ». Pourtant, même s’ils semblent incomparables à ceux des grandes « usines » hydrauliques, les effets des petites centrales sur l’environnement sont significatifs.
Une petite centrale nécessite une prise d’eau presque toujours constituée d’un seuil. Cela transforme alors un cours d’eau vif et courant en un plan d’eau calme. La longueur du plan d’eau augmente d’autant que la pente est faible. La plupart des petites centrales dérivent l’eau parfois sur plusieurs kilomètres avant de la restituer au cours d’eau. Entre le seuil et la restitution, le cours d’eau est alors réduit à l’état d’un oued africain. Lorsque les petites centrales se succèdent sur un cours d’eau celui-ci en est complètement transformé. Le changement se constate aussi sur la végétation des berges et la faune qu’il héberge. L’eau se réchauffe et perd sa capacité d’épuration des polluants. Elle devient également inhospitalière pour les poissons bloqués dans leur migration par la multiplication des seuils.
A gauche canal d'amenée de la petite centrale hydroélectrique de Détrier sur le Breda (73/38), à droite ce qui reste du cours d’eau
Il est donc urgent de sortir d’une vision idyllique de la petite hydroélectricité. Il faut préserver autant que possible les rares cours d’eau épargnés, proches de leur état naturel. Plutôt que d’équiper des sites encore indemnes, notre Fédération encourage l’amélioration de l’existant. Il est possible de gagner en terme de production énergétique et de respect du milieu naturel. FNE AURA s’opposera, y compris devant les tribunaux, à tout aménagement hydroélectrique à chaque fois que l’enjeu environnemental l’exigera.
[1] Correspond au plus bas niveau du cours d’eau
[2] Le photovoltaïque, l’éolien, etc.
Pour aller plus loin : https://www.fne-aura.org/essentiel/region/micro-hydroelectricite/
Crédits photos : Jacques Pulou
Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes
Le Mercredi 12 février 2020
https://www.fne-aura.org/nos-avis/region/petites-centrales-hydroelectriques-nos-reserves/
Partager