Projet de barrage à Loyettes… le retour !
On le croyait enterré, suite à l'action militante de la FRAPNA (devenue FNE) dans les années 1980 mais, tel un Phénix des fausses bonnes idées, il renait de ses cendres ou plutôt des flots du Rhône… Renommé « Rhonergia », ce projet de barrage hydroélectrique sur un des derniers secteurs non équipés du Rhône est « un mauvais projet, économiquement dispendieux et au rapport efficacité énergétique / impact environnemental catastrophique » pour le groupe d'associations et d'élu.es, dont FNE Ain, qui se bat depuis plusieurs mois contre ce projet. Décembre marque le lancement de la concertation publique...
Energie renouvelable ne signifie pas énergie sans conséquence pour les écosystèmes. FNE défend une vision globale, intégrant les différents enjeux pour le vivant. Concernant l’hydroélectricité, Monique Coulet (ancienne hydrobiologiste au CNRS et présidente d’honneur de la FRAPNA région – aujourd’hui FNE-AURA) affirmait que « considérer ce type d’énergie comme une énergie dite « verte » se fonde sur une conception purement hydraulique des fleuves qui ne seraient que de simples chenaux véhiculant une ressource à la disposition de l’Homme ».
Pour FNE, au contraire, le changement nécessaire de notre politique énergétique ne saurait se faire au détriment du vivant. Jacques Pulou, pilote du réseau régional eau de FNE, résume ainsi la situation : « La poursuite de l’équipement hydroélectrique de nos cours d’eau jusqu’à son terme n’amènerait qu’une contribution insignifiante à la transition énergétique mais causerait des dommages irréversibles à la biodiversité ». FNE défend donc l’amélioration de l’existant plutôt que de nouvelles installations et il y a beaucoup à faire pour adapter le parc hydroélectrique existant à la nouvelle donne énergétique (Plus d’informations ici).
Le projet « Rhonergia » porté par la CNR (Compagnie Nationale du Rhône) prévoit l’installation d’un nouveau barrage sur un tronçon à peine plus restreint que le projet des années 1980 dit « de Loyettes (Ain) ». Il s’agit d’une des dernières zones de fonctionnement naturel du Rhône, qui ne compte plus que 25 km indemnes d’aménagements (soit moins de 5 % de son linéaire français).
Journée de mobilisation du 30 septembre 2023. Crédit : Jaques PULOU
Dès l’annonce du projet, des élu.es isérois.es et l’association Lo Parvi ont coordonné l’action militante, vite rejoint.es par FNE, la LPO ou encore l’association régionale des Fédérations départementales de pêche. Pour nous, les impacts seraient nombreux et inacceptables :
- Impacts sur la dynamique du fleuve et le transport des sédiments d’où des conséquences sur les confluences entre le Rhône et ses affluents . Certes, le confluent de l’Ain, classé au titre des paysages et inclus dans le réseau Nature 2000 en raison de ses richesses naturelles, est situé en dehors de l’emprise des travaux projetés mais sa pérennité est liée au maintien du profil en long du Rhône lui même dépendant de l’équilibre sédimentaire.
- Impacts sur la biodiversité du fleuve et de ses annexes, en raison de la modification de la ligne d’eau et des courants, de la destruction de la forêt riveraine actuelle qui serait remplacée par une végétation contrôlée placée sur des berges artificialisées ou des digues et de l’obstacle que constituerait un barrage même doté un dispositif de franchissement piscicole fonctionnel.
- D’autres risques potentiels ont été identifiés, liés à l’érosion régressive et aux possibles inondations, concernant la centrale nucléaire du Bugey ou encore la possible remise en suspension de polluants actuellement séquestrés dans les sédiments du Rhône.
- Des impacts démesurés compte tenu de la faible production d’électricité qu’apporterait ce barrage qui parait donc complètement anachronique compte-tenu des connaissances et enjeux actuels.
Les associations et élu.es ne s’arrêtent pas à une opposition à ce projet de barrage. Des alternatives concrètes sont proposées selon deux axes : améliorer le fonctionnement et le rendement énergétique du parc existant et investir dans la sobriété énergétique ainsi que dans d’autres sources renouvelables d’énergie.
Pour en savoir plus sur nos motivations et les alternatives que nous portons, découvrez la plaquette concernant le projet.
Les élu.es et associations d’ores et déjà mobilisé.es ont organisé deux temps d’échanges en 2023 : en juin à destination des élu.es d’Isère et de l’Ain et en septembre, pour l’ensemble de la population. Deux journées qui ont connu un franc succès. Depuis, un collectif « STOP au barrage Rhonergia » s’est également constitué.
Le 5 décembre marquera le lancement officiel de la concertation publique avec des réunions publiques, des tables rondes, des ateliers de « fabrique aux alternatives », etc. FNE Ain essayera d’être présente à un maximum de rendez-vous afin de porter la parole du vivant et de démontrer pourquoi ce projet n’a pas lieu d’être, y compris au niveau purement énergétique.
Si vous souhaitez contribuer à ce combat à nos côtés, votre aide, quelle qu’elle soit, est la bienvenue ! N’hésitez pas à contacter Anne-Laure, animatrice du réseau Eau et agriculture (ain@fne-aura.org) !
Publié par FNE Ain
Le Lundi 04 décembre 2023
https://www.fne-aura.org/actualites/ain/projet-de-barrage-a-loyettes-le-retour/
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