L’air meurtrier de la Haute-Savoie
Santé Publique France a publié une étude innovante, permettant d’évaluer et de comparer l’impact sanitaire de la pollution de l’air, de façon chiffrée, à l’échelle de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Grâce à une modélisation d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes à plus fine échelle et à un nouvel outil de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les résultats sont plus complets et précis qu’avec les Études Quantitatives d’Impact Sanitaire (EQIS) précédentes. L’impact sur la santé lié au traceur de la pollution routière a aussi pu être estimé pour la première fois (dioxyde d’azote NO2).
La Haute-Savoie particulièrement touchée
400 personnes décèdent chaque année dans le département à cause de la pollution aux particules PM2,5 et près de 200 personnes à cause de la pollution au dioxyde d’azote. La Haute-Savoie est dans le trio de tête des départements les plus touchés de la région Auvergne Rhône-Alpes, avec le Rhône et l’Isère.
Mortalité due à la pollution de l'air dans les zones considérées comme prioritaires en Haute-Savoie, pour la pollution de l'air
L’air plus toxique à Annecy que dans la vallée de l’Arve
L’étude montre que la situation sanitaire à Annecy est plus sombre que celle de la vallée de l’Arve, que ce soit en nombre de décès ou en taux de mortalité. Ceci est dû à la présence d’une pollution chronique, moins visible et plus sournoise, qui confirme que la santé humaine est affectée par des niveaux de pollution médiocres, mais quotidiens.
Ainsi, la pollution de l’air aux particules PM2,5 est responsable de 9,5% de la mortalité annuelle totale du territoire du Grand Annecy. La pollution liée au trafic routier provoque 4,1% de la mortalité totale, un taux élevé par rapport aux autres territoires du département.
L’impact sanitaire s’alourdit dans la vallée de l’Arve
La précédente étude, publiée en 2017 sous-estimait l’exposition à la pollution dans la zone centrale de la vallée de l’Arve et ne prenait en compte que la pollution aux particules PM2,5.
Ainsi, malgré une baisse globale des concentrations de polluants, 93 décès, contre 85 pour l’étude de 2017, sont à déplorer dans la vallée de l’Arve chaque année en raison de la pollution chronique aux particules PM2,5. La pollution routière cause quant à elle 40 décès par an. Soit, respectivement 8,8% et 3,8% de la mortalité totale annuelle de ce territoire.
Annemasse et Thonon ne sont pas en reste
Dans la partie française du Grand Genève, la situation sanitaire est à peine meilleure que celle de la vallée de l’Arve, avec 8,7% de la mortalité annuelle totale du territoire causée par les particules PM2,5 et 3,6% par le NO2.
Par ailleurs, l’impact sanitaire sur le territoire de Thonon Agglo est quasiment le même que celui d’Annemasse Agglo. Ceci va sans doute surprendre les habitants du Chablais, qui se sentent globalement moins touchés que le reste du département par le fléau de la pollution de l’air.
Des niveaux de pollution mesurés pourtant en baisse
L’étude publie un graphique montrant que la pollution de l’air est globalement en baisse dans la région, hormis concernant l’ozone. L’impact sanitaire, lui, n’est pourtant pas en baisse. Il n’y a donc pas de corrélation linéaire entre les niveaux de polluants mesurés dans l’air (avec les méthodologies actuelles) et les effets de la pollution de l’air sur la santé.
De plus, les valeurs limites européennes pour les polluants de l’air principaux sont trop élevés pour protéger la santé. Le décalage s’est à nouveau creusé entre ces valeurs limites et les préconisations de l’OMS. L’Organisation Mondiale de la Santé vient de réduire drastiquement ses valeurs guides pour refléter l’impact plus néfaste que prévu de la pollution de l’air, à des doses considérées comme modestes jusqu’ici.
Les nouvelles valeurs guides de l'OMS pour la promotion de la santé (en vert) et les valeurs réglementaires européennes actuelles (en rouge). Le fossé se creuse.
Pour en savoir plus sur ces nouvelles valeurs guides de l’OMS, vous pouvez consulter cet article de notre association fédérée de la vallée de l’Arve (Inspire)
L’OMS estime que 80% des décès liés à la pollution de l’air pourraient être évités si ces valeurs guides étaient respectées. Le jeu en vaut la chandelle, non ?
Publié par FNE Haute-Savoie
Le Vendredi 29 octobre 2021
https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/lair-meurtrier-de-la-haute-savoie/
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