Les bouquetins du Bargy sont dorénavant les mieux surveillés de l’arc alpin
C’est en ces termes que le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) caractérise cette population d’environ 400 individus, de mieux en mieux connue depuis que dure cette affaire. Il donne là une bonne et une mauvaise nouvelle.
FNE Haute-Savoie suit de très près le devenir des bouquetins du Bargy depuis plus de 12 ans. Grâce à l’action des scientifiques et à nos actions en justice, la situation a évolué. L’heure n’est plus aux tirs massifs indiscriminés mais à une approche guidée par la science et le pragmatisme, même s’il reste triste de voir des animaux si majestueux être tués. Faisons le point.
Une bonne nouvelle
Les premières années de réapparition de la brucellose sur le massif ont donné lieu dès 2013, par méconnaissance et par manque de données scientifiques, à des abattages massifs et indiscriminés.
Ceux-ci lancés par le préfet de l’époque sous la pression des syndicats professionnels de l’élevage et de la filière fromagère au lait cru. Depuis 2016, du fait des suivis populationnels effectués, les captures sont devenues la règle et les tirs d’abattage l’exception.
Une mauvaise nouvelle
Cette population, surveillée, capturée, contrôlée, marquée individuellement, euthanasiée le cas échéant en cas de séropositivité avérée, donne lieu à des avis scientifiques de plus en plus convergents, lesquels préconisent de combiner captures et abattages ciblés.
Plus qu’un seul scénario
Alors qu’il y a encore quelques années l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) évaluait six scénarios, entre ne rien faire et tout abattre, le dernier avis n’en préconise plus qu’un seul, à savoir capturer et tester au moins 38 bouquetins, et en abattre un maximum de 20 dans les secteurs les plus inaccessibles du Petit et du Grand Bargy1.
Une gestion dite adaptative
Elle est fondée sur une meilleure connaissance de cette population. Le CNPN, dans son avis du 19 février 2025, et bien que les 20 abattages envisagés “conduisent à l’abattage indiscriminé d’animaux majoritairement sains”, rend un avis favorable (12 votes pour et 12 abstentions). Le motif principal en est que “le secteur du Petit Bargy n’a pas fait l’objet de la même pression de contrôle car les captures y sont dangereuses à la fois pour les animaux et les opérateurs, et constitue le bastion historique et l’épicentre de l’infection brucellique qu’il est indispensable de maîtriser.”
Nouvelle préfète, nouvel arrêté
Madame Emmanuelle Dubée vient de promulguer un arrêté reprenant exactement les recommandations de l’ANSES. Pour la forme, le projet d’arrêté a été soumis pendant 21 jours à une consultation électronique durant laquelle 251 contributions défavorables ont été exprimées, sans que cela modifie en quoi que ce soit le texte préfectoral. Cet arrêté, strictement fondé sur les avis scientifiques exprimés, a également tiré les leçons des nombreux recours contentieux que nous avons gagnés les années passées avec nos partenaires associatifs. Il sera donc très difficile de le faire suspendre et annuler.
Les bouquetins des Aravis suivis par GPS
Sur les 59 bouquetins capturés en 2024, 6 se sont révélés séropositifs et ont été euthanasiés. Le nombre d’exploitations agricoles étant plus élevé dans le massif des Aravis que dans celui du Bargy, avec une population de bouquetins encore mal connue mais visiblement partiellement porteuse de la brucellose, cette infection inquiète à juste titre les milieux professionnels et les pouvoirs publics. Dans ce vaste massif à cheval sur les deux départements savoyards, la préconisation est ici de capturer un maximum de bouquetins et de les équiper de colliers GPS afin d’initier un suivi populationnel comme sur le massif du Bargy. Il est à souhaiter qu’aucune contamination bovine ne vienne déclencher les passions qui ont toujours conduit à stigmatiser les bouquetins et leurs défenseurs.
Publié par FNE Haute-Savoie
Le Vendredi 18 avril 2025
https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/les-bouquetins-du-bargy-sont-dorenavant-les-mieux-surveilles-de-larc-alpin/
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