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Pas de confinement pour les atteintes à l’environnement

La pause forcée que nous venons de vivre nous a permis d’ouvrir les yeux sur les conséquences dévastatrices de nos modes de vie. Cette prise de conscience de plus en plus partagée est tout à la fois nécessaire et bienvenue. Malheureusement, cet éveil individuel et collectif est encore largement insuffisant en Haute-Savoie. En effet, la période du confinement a été riche en atteintes environnementales qui viennent nous rappeler que le chemin est encore long. Retour non exhaustif sur ces comportements dramatiques, identifiés grâce à nos Sentinelles de la Nature. Attention, ces atteintes environnementales ne sont pas nées avec le confinement, elles sont présentes parfois de longue date sur le département et leur fréquence actuelle souligne l’inefficacité et l’insuffisance des politiques menées jusqu’ici. Se pose la question de la responsabilité individuelle et collective pour mettre fin à ces comportements absurdes.

Samedi 23 mai 2020 Gestion des déchets Pollution

Écobuages : quand la flemme et l’ignorance sont le combustible de nos poumons

En Haute-Savoie, le printemps rime avec brûlage des déchets verts. Bien qu’interdit, il s’agit d’une activité largement pratiquée qui contribue à la dégradation de la qualité de l’air. Le civisme incite pourtant à les déposer en déchetterie ou à les composter, en effet brûler 50 kg de déchets verts revient à rouler 18 400km avec un véhicule essence récent. C’est dire !

Le printemps 2020 n’a pas fait exception à la règle avec l’occurrence de nombreux écobuages. Certains ont même dégénéré : ce fut le cas à Seythenex avec 500m2 de sous-bois partis en fumées, ou encore à Combloux. La ville de Thonon a même vu 5000m2 de végétations du marais de Chessy partir en fumée également.

Dans un département où la qualité de l’air est un problème sanitaire majeur, il est aberrant que cette pratique perdure la plupart du temps en toute impunité. A cet égard, ayons une pensée particulière pour la commune de Sciez qui organise à chaque début d’année la fête des sapins, à savoir brûler collectivement et à l’air libre les sapins de Noël des habitants de la commune… vous avez dit bon sens ?

Amener ses déchets verts en déchetterie, les broyer ou les composter constituent des solutions moins impactantes et plus durables.

A consulter : la plaquette du Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) de la vallée de l’Arve à ce sujet.

Décharges sauvages : à quand des politiques volontaristes pour lutter contre cette bêtise à ciel ouvert ?

Si les décharges sauvages étaient un sport, elles auraient leur place aux JO. Comme pour l’écobuage, il n’est pas besoin d’attendre le confinement pour en apercevoir partout sur le département. Jeter ses déchets en contrebas des routes, à proximité des cours d’eau, semble être une habitude partagée par un certain nombre d’habitants haut-savoyards. Ceci explique les nombreuses alertes reçues pour nous signaler ces dépôts sauvages.

La fermeture des déchetteries pendant une large partie du confinement a malheureusement accentué le problème. Des entreprises, comme des particuliers, ont ainsi laissé leurs encombrants joncher les rues, les parkings, et même certains espaces naturels.

Nous avons ainsi reçu de nombreuses alertes pour des décharges sauvages, alertes que nous avons transmises aux communes concernées. Est-il nécessaire de rappeler que ces décharges sauvages polluent nos sols et nos eaux, que c’est une pratique interdite ? Les photos sont éloquentes. Les communes semblent démunies et manquer de moyens pour lutter efficacement contre ces dépôts sauvages. Là encore, le problème n’est pas nouveau, mais il demeure…

Décharge sauvage aux environs d'Annecy

Remblaiements en pagaille :

Le rythme d’urbanisation du département a été très élevé ces dernières années (augmentation des espaces artificialisés de 2200 hectares au cours des dix dernières années). Or, les activités du BTP génèrent des déchets en grande partie inertes (terres, gravats, remblais) mais aussi des déchets spéciaux (peinture, colle…).

En parallèle, la Haute-Savoie fait face aujourd’hui à un manque d’exutoires pour l’élimination de ces déchets inertes, notamment pour le stockage des déblais de terrassement non valorisables. Ce manque d’exutoires légaux conduit soit à des dépôts sauvages coûteux pour la collectivité et souvent nuisibles à l’environnement, soit à des demandes au titre du code de l’urbanisme pour stocker ces déchets sur des terrains agricoles ou naturels, sous couvert d’aménagements dont l’utilité est rarement démontrée.

Faute de vigilance, la période du confinement a été propice à ces remblaiements, qui souvent ne sont même pas déclarés et/ou autorisés.

Parfois ces aménagements impactent fortement l’environnement, par la destruction de zones humides, le comblement de champ d’expansion de crues, la destruction d’espèces protégées, la médiocrité de la remise en état agricole qui entraînera des pertes de rendements, la pollution des sols et/ou des eaux souterraines, etc. d’où l’intérêt de les contrôler.

Malheureusement, certaines entreprises du bâtiment se mettent d’accord avec des propriétaires terriens en dehors de tout cadre légal, faisant fi des législations environnementales.

 

Destruction d’habitats et d’espèce protégées :

L’exemple du sonneur à ventre jaune : Malgré son fort statut de protection (protection nationale intégrale, inscription en Directive habitats-faune-flore) et la grande responsabilité de notre région pour sa préservation (espèce cible du Schéma Régional de Cohérence Ecologique de Rhône-Alpes, espèce bénéficiant d’un Plan Régional d’Action), le sonneur à ventre jaune est toujours la victime de la destruction de son habitat de reproduction.  En plein confinement, des ornières forestières en eau que le petit crapaud s’apprêtait à rejoindre pour trouver l’âme sœur et se reproduire ont été rebouchées à l’aide de tuiles…Malheureusement un grand classique sur nos chemins forestiers haut-savoyards.

Que penser également du l’incendie du marais de la Lanche sur la commune de St Paul EN Chablais, dont on ne sait s’il est d’origine humaine. Un tel événement réduit les fonctionnalités pourtant capitales de cette zone humide. Outre ses capacités à filtrer l’eau et capter le carbone, c’est également, en plein printemps, son potentiel d’accueil de la biodiversité qui est touché. Le site est en effet connu pour être l’une des trois seules stations du département jugées en bon état de conservation pour l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), une libellule protégée en France et inscrite au Plan National d’Action et dans sa déclinaison à l’échelle de la région AURA.

Ce tableau non exhaustif des atteintes environnementales est donc plutôt sombre et n’incite pas à l’optimisme. Pourtant, de plus en plus de citoyens changent leur comportement et certains s’investissent même pour protéger leur environnement. C’est le cas des nombreuses « Sentinelles » qui nous font remonter toutes ces informations et qui se mobilisent pour que le sentiment d’impunité laisse place à celui de responsabilité… Alors un grand merci à elles.

Ornières forestières rebouchées à l'aide de tuiles

Publié par FNE Haute-Savoie

Le Samedi 23 mai 2020

https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/pas-de-confinement-pour-les-atteintes-a-lenvironnement/

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