Sur le Chéran, une initiative inédite pour mieux connaître le réseau hydrographique
A l'été 2023, une campagne participative inédite a été mise en place pour essayer d’améliorer la connaissance du fonctionnement du réseau hydrographique du Chéran en période de sécheresse.
En Haute-Savoie, le changement climatique entraine des sécheresses de plus en plus intenses. Le bassin versant du Chéran ne fait pas exception. Dans ce contexte, des déséquilibres apparaissent entre la ressource disponible et les besoins. C’est pourquoi le Syndicat Mixte Interdépartemental d’Aménagement du Chéran (SMIAC) essaie d’améliorer la connaissance du fonctionnement du réseau hydrographique en période de sécheresse. Cela s’est traduit cet été par la mise en place d’une campagne participative inédite.
Le contexte
D’après les conclusions de l’étude des volumes prélevables en 2023 sur le Chéran, la ressource en eau dans le bassin versant est insuffisante pour répondre à tous les besoins. Une meilleure compréhension du réseau hydrographique et de son fonctionnement est nécessaire pour avancer dans la question de la modulation des prélèvements dans le temps et dans l’espace, ainsi que dans la gestion de la temporalité des mesures d’économie d’eau, de suspension des prélèvements et de contrôle des consommations.
Après une première campagne d’observation des écoulements de surface fin juillet 2022, les élus du SMIAC ont souhaité approfondir l’acquisition de connaissances en regroupant les forces vives du territoire et leurs réseaux de bénévoles pour produire un travail collaboratif. C’est l’objet du travail qui a été initié grâce à la participation de 9 structures ; associatives, services de l’Etats et collectivités locales, dont FNE Haute-Savoie et notre association fédérée Cyclamen.
Objectifs
En période de sécheresse, comprendre l’état des écoulements superficiels (asséchés, flaques, etc.), est une étape clé pour mieux appréhender les fonctionnalités du réseau et sa capacité à résister aux changements climatiques.
Pour le territoire du Chéran, identifier les secteurs « résistants » (ceux encore en eau) répond à deux grands enjeux :
1) préserver le patrimoine naturel et la biodiversité.
2) satisfaire les besoins des habitants tout en préservant leur cadre de vie.
Les rivières encore alimentées abritent les écosystèmes aquatiques et sont donc d’une grande importance sur le plan environnemental.
L’objectif de l’action participative était de mutualiser les moyens pour un intérêt commun et général, à savoir alimenter en connaissances les différents outils de gestion du territoire et de définir les secteurs à enjeux.
Partant du constat que l’ampleur et la localisation des étiages sont difficilement modélisables, l’objectif de la campagne participative était l’acquisition de connaissances de terrain précises pour permettre de mieux cibler les zones à préserver et aider le territoire à mieux concilier l’usage des ressources.
Une action participative d’envergure
Concrètement, l’idée était alors de produire une cartographie instantanée la plus fine possible des pics d’étiage, en limitant le nombre de campagnes de terrain mais en produisant un effort maximal. Les campagnes ont donc eu lieu le 27 juillet et le 24 août 2023.
Comment ? Le projet consistait à décrire de manière simple les écoulements de surface en s’appuyant sur le protocole « ONDE » de l’Office Français pour la Biodiversité (OFB).
Où ? Le SMIAC ayant réalisé un travail d’inventaire des points clés du réseau en fonction de plusieurs paramètres. Environ 120 points de contrôle avaient été identifiés. Les observations se se sont faites de manière ponctuelle sur ces points ou, dans l’idéal, de façon linéaire en longeant les cours d’eau.
Avec quoi ? Des fiches terrain, des cartes papier, des crayons seront fournis aux volontaires. Les photos étant prises avec les téléphones mobiles de chacun.
Qu’était-il attendu de chaque participant ? De se rendre sur les sites qui lui étaient affectés pour noter ses observations et les retransmettre à Baptiste Decaestecker (SMIAC), chargé de centraliser et de compiler toutes les informations recueillies.
Résultat ? Une cartographie des écoulements d’une grande partie du réseau hydrographique du Chéran a été réalisée avec les données collectées par 24 opérateurs terrain lors de 2 campagnes réalisées les 27 juillet et 24 août 2023, au cœur de la période de basses eaux.
Le témoignage du SMIAC
« Nous nous félicitons d’avoir eu le soutien des acteurs du bassin, un soutien rapide, réactif et efficace. Cela démontre à la fois l’intérêt grandissant du territoire concernant la gestion des ressources en eau et également la volonté d’avancer collectivement dans la connaissance du sujet. Chacun a pu apporter son expertise et sa sensibilité sur différents aspects : identification de plantes invasives, d’espèces d’algues, de maladies présentes sur les poissons. D’autres ont réalisé de nombreux km d’observations, ce qui a permis d’obtenir des secteurs avec une information précise de l’état d’écoulement. C’est un travail inédit qui a été réalisé.
Les résultats montrent qu’au pic d’étiage de 2023 (24/08/2023), 41% du réseau hydrologique du bassin versant est diagnostiqué[1] comme en état d’assec (soit 177 km). A noter que même les états d’écoulement visibles ne traduisent pas forcément une grande quantité ni une bonne qualité d’eau : il y a un stress en lien avec la hauteur d’eau (température élevée, concentration en oxygène, etc.) pour la vie présente dans ces milieux. Cependant on observe que certains cours d’eaux comme le Nant d’Aillon, les Éparis, le Nant de St-François, la Néphaz sont « assez résistants » face à la sécheresse (peu de variation de l’état d’écoulement).
L’analyse détaillée de l’ensemble des résultats est en cours et une réunion de restitution aura lieu avec l’ensemble des acteurs présents lors de cette campagne. »
Cette première campagne de suivi d’étiage a permis d’acquérir une très grande quantité d’informations, d’identifier des moyens pour optimiser la démarche et de dresser l’éventail des paramètres qui expliquent l’intensité des étiages. Une nouvelle campagne sera reconduite en 2024 et proposée au réseau d’acteurs locaux, dont FNE Haute-Savoie. A moyen terme, le SMIAC espère pouvoir valoriser cette information dans le cadre de l’élaboration des PTGE.
[1] Le linéaire diagnostiqué comprend le linéaire réellement observé + le linéaire extrapolé. Il comprend donc une incertitude liée à l’extrapolation.
Ce projet a bénéficié du soutien financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. L’agence de l’eau est un établissement public de l’État qui œuvre pour la protection de l’eau et des milieux. Elle perçoit des taxes sur l’eau payées par tous les usagers et les réinvestit auprès des maîtres d’ouvrages (collectivités, industriels, agriculteurs et associations) selon les priorités inscrites dans son programme « Sauvons l’eau 2019-2024 ». Plus d’information sur www.eaurmc.fr
Publié par FNE Haute-Savoie
Le Jeudi 26 octobre 2023
https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/sur-le-cheran-une-initiative-inedite-pour-mieux-connaitre-le-reseau-hydrographique/
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