Mine de lithium et transition énergétique : les voitures électriques ne sont qu’une partie de la solution
Le 30 septembre dernier, la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a publié ses conclusions sur le projet de mine de lithium Imérys dans l’Allier, destiné à produire 700 000 batteries pour voitures électriques par an. Ce projet est emblématique de par son ampleur et le fait qu’il acterait du retour de la mine en France. La CNDP a organisé 13 débats publics en tout. Notre fédération (FNE, FNE AURA et FNE Allier) a très activement participé et nos remarques ont été reprises 28 fois dans le rapport final.
Nous reconnaissons l’importance des véhicules électriques pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles car la route représente 72% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de tous les transports (avion, train, bateau, etc.) dans l’Union européenne. Mais nous ne pouvons pas continuer avec la voiture électrique sur la même lancée qu’avec la voiture thermique. Songeons que le poids moyen d’une voiture individuelle était de 800 kg en 1960, qu’il est aujourd’hui de 1200 à 1800 kg et que certains SUV atteignent 2 à 3 tonnes.
Songeons que la voiture d’aujourd’hui est un objet bourré d’électronique souvent inutile.
Songeons que le nombre de véhicules en France est passé de 6 millions en 1960 à 38 millions en 2023.
Pouvons-nous continuer à nous permettre de conduire des voitures de 2 tonnes, dangereuses, qui consomment des quantités considérables de matières premières et qui peuvent rouler à 200 km/h juste par plaisir ou pour satisfaire notre ego ? Notre réponse est clairement non !
Pouvons-nous remplacer 38 millions de véhicules thermiques par 38 millions de véhicules électriques trop chers pour la plupart des françaises et des français ? La réponse est clairement non !
D’autant que pour fabriquer ces véhicules, l’extraction du lithium représente des risques pour la biodiversité, l’air et l’eau. Les quantités de matières, d’eau, de produits chimiques, de ciment et les transports divers inhérents se chiffrent en millions de tonnes par an et les dégâts de l’après-mine sont souvent considérables. La ressource en matières premières est limitée et nous n’avons pas le droit de la gaspiller. Nous devons donc collectivement être le plus économes possible de ces matières si chèrement extraites au dépens de l’environnement. Songeons qu’avec la même quantité de lithium, on peut fabriquer seulement 284 000 batteries pour SUV ou un million de petites citadines ou 52 millions de vélos électriques. Que choisissons-nous pour l’avenir, celui de la planète et celui de nos enfants et petits-enfants ?
Pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles, nous pouvons fabriquer des véhicules électriques légers et bon marché et la transition énergétique doit s’accompagner de principes intangibles : sobriété, réutilisation et recyclage. Le modèle actuel de la voiture individuelle, qui a modelé depuis 100 ans le territoire de façon anarchique, montre chaque jour ses limites. Il est plus que temps de repenser l’aménagement du territoire pour prioriser la proximité, les transports doux et collectifs, le covoiturage et l’autopartage. La mobilité doit devenir un service et non plus un objet.
Tant que l’État ne s’engagera pas fermement sur les conditions d’exploitation des ressources minières, sur le recyclage et sur la sobriété dans les transports, le projet Imérys dans l’Allier relèvera plus du « business as usual » et du « greenwashing » que d’un véritable projet de transition énergétique.
Michel Jarry
Président de FNE AURA
Pour aller plus loin
Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes
Le Jeudi 14 novembre 2024
https://www.fne-aura.org/actualites/region/mine-de-lithium-et-transition-energetique-les-voitures-electriques-ne-sont-quune-partie-de-la-solution/
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