Priorités vitales #1 – Une santé préservée
Outre la catastrophe sanitaire qu’elle représente, la pandémie de Covid-19 a pointé du doigt les failles de notre société. Elle est une injonction à rebâtir de nouvelles bases, plus respectueuses de notre santé et de l’environnement. Dans un précédent article, FNE AuRA s’est penché sur la question en réaffirmant ses priorités. Aujourd’hui, Anne Lassman-Trappier, Présidente de FNE Haute-Savoie et membre du Conseil National de l’Air, répond à nos questions. Elle nous livre ses conseils pour améliorer la qualité de l’air, quelle que soit son échelle. Une priorité vitale pour préserver à la fois notre santé et l’environnement.
Comment l’association FNE AuRA agit-elle concrètement pour répondre à la problématique de la pollution de l’air ?
FNE est un partenaire privilégié des associations de surveillance de la qualité de l’air. Notamment, nous avons œuvré pour la création du réseau des « ATMO ». Nos membres siègent au conseil d’administration d’ATMO Auvergne Rhône-Alpes. Ils participent aux travaux des 6 comités territoriaux, qui couvrent l’ensemble de notre grande région. Ceci nous donne un accès direct aux données et connaissances et nous permet de questionner sans cesse les résultats. L’enjeu est aussi de participer à l’émergence de nouveaux sujets d’investigation. Nous faisons ainsi progresser la science, toute jeune, de la qualité de l’air.
« En France au moins 130 personnes meurent tous les jours prématurément de la pollution de l’air. »
Nous sommes aussi des relais de ces informations auprès de nos sympathisants et du grand public. Surtout, nous sommes des lanceurs d’alertes. Notre rôle est de remettre sans cesse au grand jour le sujet de santé publique lié à la pollution de l’air. En effet, les décideurs et élus sont plutôt enclins à dissimuler ou sous-estimer ce sujet explosif. Ils déforment la réalité de son ampleur ou de ses causes véritables. Pourtant, près de 10% de la mortalité en France est liée à la pollution de l’air. Ce sujet mériterait des plans d’actions prioritaires et efficaces. Le fait est que les décès dus à la pollution de l’air sont invisibles et moins marquants que d’autres. Ce fléau continue de sévir, année après année, loin de l’attention des médias.
Comment un citoyen peut-il agir concrètement pour améliorer la qualité de l’air ?
La pollution de l’air provient de sources diverses et est composée d’une multitude de polluants, des milliers sans doute. Les citoyens peuvent agir au quotidien sur leurs déplacements, leur habitat, mais aussi sur leur consommation. En effet, cette dernière est source d’innombrables pollutions cachées. Elles peuvent être liées à la fabrication, au transport, à l’usage des produits et à leur mise au rebut. Concrètement, il est par exemple préférable d’acheter son alimentation localement, chez un producteur bio. Cela permet d’éviter de nombreuses émissions liées à l’agriculture industrielle (pesticides, engrais). On réduit aussi les émissions liées au transport souvent sur de longues distances de ces marchandises, à leur suremballage, etc.
« Il convient d’agir simultanément sur les 4 grandes sources de pollution : les transports, l’industrie, le résidentiel et l’agriculture. »
Notre recours intempestif et irréfléchi à la voiture ou à l’avion est aussi à remettre en question. Les solutions à notre disposition sont innombrables. Elles nécessitent simplement d’accepter de revoir nos habitudes et de rechercher la meilleure solution pour chaque besoin de déplacement. De nombreuses pistes de réflexion sont proposées dans le web-documentaire ATMOSphère réalisé par Inspire, association membre de FNE Haute-Savoie. 30 courts-métrages sont ainsi proposés aux citoyens pour s’informer sur la question et faire évoluer ses pratiques. L’objectif est de faire partie de la solution, et pas uniquement du problème.
Comment un élu, une collectivité, un organisme peut-il agir pour améliorer la qualité de l’air en AuRA ?
Certes, une partie de l’action doit venir de l’Etat, des entreprises et des citoyens. Cependant, les clés à la disposition des élus locaux sont nombreuses. La première est celle de la mobilité. Certaines décisions ont un impact concret et fort sur la mobilité citoyenne et sur les émissions du territoire. Par exemple, au lieu de doubler une voie urbaine, ne serait-il pas plus pertinent de mettre en place des transports en commun efficaces et de créer des voies cyclables ?
« Les choix d’infrastructures et la mise en œuvre de transports en commun façonnent les déplacements pendant 50, voire 100 ans. »
Une autre clé est celle de l’urbanisme. La création de zones commerciales hors des centres-villes provoque des déplacements nouveaux et allonge les distances parcourues. C’est donc un facteur aggravant pour la pollution de l’air. Les collectivités peuvent aussi agir sur l’efficacité énergétique des bâtiments publics pour réduire les consommations d’énergie. Enfin, les choix concernant la restauration collective (établissements scolaires, médicaux et sociaux) sont des clés pour agir. L’objectif est de privilégier les circuits courts, la cuisine sur place et la proximité.
Quel message souhaitez-vous faire passer aujourd’hui ?
La période du confinement nous a fait goûter à un cadre de vie apaisé et dépollué. La pollution de l’air et le bruit ont baissé de façon spectaculaire. La biodiversité réapparaît et est audible partout, même en ville. Les premiers enjeux du déconfinement seront liés au retour à la mobilité et à la consommation. Pour conserver une partie des acquis environnementaux du confinement, il faudra repenser nos habitudes de déplacement, de travail et de consommation. Il serait souhaitable que le vélo connaisse enfin son renouveau. En effet, il s’agit, avec la marche, du seul moyen de transport quasiment zéro émission en cycle de vie complet. L’essor de la production alimentaire locale et paysanne est un autre enjeu majeur du « monde d’après ». Il faudra alors se différencier du monde d’avant, trop prédateur et malsain.
Pour aller plus loin :
- Pollution de l’air : les mesures à prendre (Article de FNE)
- Pollution de l’air : la France enfin forcée à agir (Article de FNE)
- Thématique Air – FNE AuRA
- Agriculture et qualité de l’air – Editions Quae, octobre 2019 (Livre de C.Bedos, S.Genermont, J.-F.Castell, P.Cellier, coord.)
Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes
Le Mardi 12 mai 2020
https://www.fne-aura.org/actualites/region/priorites-vitales-1-une-sante-preservee/
Partager