Projet Machilly-Thonon : le débat public et le droit de l’environnement bafoués
Malgré le flop de la mobilisation des pro-autoroute le 3 juin et le dépôt d’un recours en abrogation par un collectif du Chablais le 5 juin, les députés ont voté le passage en force du projet d’autoroute Machilly-Thonon le 14 juin à l’Assemblée nationale. Une loi, qui court-circuite le débat public et valide un projet qui augmentera les émissions de gaz à effet de serre et qui détruira de riches écosystèmes.
Il s’agit-là d’une dangereuse dérive anti-démocratique et anti-écologique et France Nature Environnement étudie les possibilités de saisir la justice afin de contrer cette loi, qui risque par ailleurs de créer un inquiétant précédent.
Après les sénateurs en janvier, les députés ont donc adopté une proposition de loi inhabituelle de mise en conformité du plan local d’urbanisme de l’intercommunalité du Bas-Chablais avec le projet d’autoroute, sans avoir à réaliser d’évaluation environnementale ou de consulter le public. Ces procédures sont pourtant obligatoires. Le droit de l’environnement est ainsi contourné afin d’imposer cette autoroute payante de 16,5 km.
Le territoire du Chablais, qui fait partie du Grand Genève, n’est pas « enclavé » mais engorgé, en lien avec la forte attractivité économique haut-savoyarde et genevoise. C’est un transport collectif de masse (train, bus en site propre) qui est nécessaire dans ce secteur et pas un afflux supplémentaire de véhicules individuels. L’autoroute devrait générer le passage de 1000 véhicules supplémentaires par jour aux heures de pointe, d’après l’étude d’impact du projet, et causer une augmentation de 14% des émissions de gaz à effet de serre, par rapport à la situation sans autoroute.
Une réponse de mobilité durable et collective a été apportée en décembre 2019, avec la création du Leman Express, le plus grand RER transfrontalier en France. Son succès a été fulgurant et les prévisions de fréquentation ont été largement dépassées. Aujourd’hui, ce sont déjà 70 000 voyageurs qui circulent quotidiennement sur ce réseau, soit 40% de plus que prévu au lancement du service.
Les capacités de la ligne d’Evian sont prises d’assaut par les habitants du Chablais et il est nécessaire d’accompagner cet engouement pour le train, avec une augmentation attendue et nécessaire de ses capacités (matériel roulant, travaux d’infrastructures). Des aménagements routiers ponctuels pourraient aussi faciliter la circulation routière et la mise en place de bus en site propre, pour améliorer la qualité de vie localement.
C’est ce projet d’avenir beaucoup plus sobre qui devrait retenir toute l’attention et toutes les énergies de nos décideurs locaux, régionaux et nationaux, pour solutionner les problèmes de mobilité dans le Chablais sans aggraver les crises climatique et environnementale actuelle.
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Publié par FNE Haute-Savoie
Le Mardi 20 juin 2023
https://www.fne-aura.org/communiques/haute-savoie/projet-machilly-thonon-le-debat-public-et-le-droit-de-lenvironnement-bafoues/
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