Ripisylves du Giffre : petite massette, castors et compagnie !
Après le Chéran en 2022, France Nature Environnement Haute-Savoie s'est attachée à la ripisylve du Giffre.
Au-delà de son caractère torrentiel et de son remarquable profil en tresses, le Giffre propose de très intéressants boisements rivulaires. Plusieurs tronçons de ripisylves ont donc été diagnostiqués à l’aide de la méthode IBC Ripisylves (Indice de Biodiversité et de Connectivité des Ripisylves – IBCR) afin d’en identifier les secteurs les plus remarquables. En complément, la formation de bénévoles à l’intérêt des ripisylves et à l’utilisation de l’IBCR sur le terrain permet une vraie appropriation locale de l’outil.
Relevés IBCR, communes de Taninges et la Rivière-Enverse
Relevés IBCR, communes de Verchaix et Morillon
Une ripisylve globalement riche et fonctionnelle
Deux secteurs du Giffre, pré-identifiés comme biologiquement intéressants, ont été expertisés à l’aide de la méthode IBCR. Les notes IBCR obtenues varient de 42/100 (ripisylve médiocre) à 74/100 (très bonne ripisylve), avec une majorité de tronçons scorant à plus de 51/100 (ripisylve de bonne qualité). Les ripisylves bien notées sont représentées par des jeunes saulaies sur sédiments, des aulnaies rivulaires, des secteurs boisés en libre évolution et souvent très peu fréquentés. On y trouve aussi de nombreux bras secondaires et annexes humides (phragmitaies, petites cariçaies, etc.), une bonne connectivité écologique, de vastes bancs de galets et de sable avec dépôt de très gros bois mort apporté par les crues et le courant… Certains de ces habitats sont d’ailleurs des lieux privilégiés pour l’installation de plusieurs espèces. C’est le cas de la petite massette, une espèce végétale menacée et protégée, du castor d’Europe et même d’une population de vipères aspic mélaniques.
Et pourtant, des menaces plus ou moins perceptibles
Plusieurs facteurs anthropiques expliquent en partie les scores obtenus sur les tronçons mal notés par l’outil IBCR. Il y a une fréquentation humaine localement importante, la présence d’espèces végétales invasives ou bien encore la proximité de routes et bâtiments qui influe sur la connectivité paysagère. La structure et la composition de la ripisylve sont aussi des paramètres parfois limitants, notamment des connectivités transversales faibles ou bien encore la rareté des très gros bois vivants et gros bois morts sur pied. Notons d’ailleurs que les épicéas, qui contribuent largement au très gros bois vivant des hauts de berge avec le hêtre, sont sujets à l’attaque des scolytes d’où des coupes sanitaires et sécuritaires. Quant aux frênes, les sujets observés sont fréquemment frêles, dépérissant ou même morts du fait de la chalarose.
Une expertise au service des ripisylves et des bénévoles de terrain
L’expérience de France Nature Environnement 74 sur le diagnostic des ripisylves et l’ancrage territorial conséquent de ses associations locales fédérées, permettent de continuer à faire connaître l’outil IBCR en Haute-Savoie. Ainsi, une formation complète sur les ripisylves et leur diagnostic a été proposée en 2023 aux bénévoles de l’association Giffre en transition.
Par ailleurs FNE Haute-Savoie continuera à être force de proposition pour la protection des ripisylves à enjeu, sur le Giffre et ailleurs, dans le cadre de la Stratégie Aires Protégées en Haute-Savoie.
Crédit photo bannière : Christophe Gilles
Ce projet a bénéficié du soutien financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. L’agence de l’eau est un établissement public de l’État qui œuvre pour la protection de l’eau et des milieux. Elle perçoit des taxes sur l’eau payées par tous les usagers et les réinvestit auprès des maîtres d’ouvrages (collectivités, industriels, agriculteurs et associations) selon les priorités inscrites dans son programme « Sauvons l’eau 2019-2024 ». Plus d’information sur www.eaurmc.fr
Publié par FNE Haute-Savoie
Le Lundi 18 mars 2024
https://www.fne-aura.org/actualites/haute-savoie/ripisylves-du-giffre-petite-massette-castors-et-compagnie/
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