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Priorités vitales #4 – L’autonomie des productions vitales

En 2050, nous serons 9 milliards d'êtres humains. Pour que tout le monde puisse s'alimenter convenablement, nous devons repenser l'agriculture.

Mercredi 08 juillet 2020 Agriculture Produire et consommer

Outre la catastrophe sanitaire qu’elle représente, la pandémie de Covid-19 a pointé du doigt les failles de notre société. Elle est une injonction à rebâtir de nouvelles bases, plus respectueuses de notre santé et de l’environnement. Dans un précédent article, FNE AuRA s’est penché sur la question en réaffirmant ses priorités. Aujourd’hui, c’est Marc Peyronnard, ingénieur agronome et spécialiste de l’agroécologie, qui répond à nos questions. En tant que pilote du Réseau Agriculture de FNE AuRA, il nous livre ses recommandations pour prendre la voie d’une autonomie des productions vitales.

Comment le mouvement FNE AuRA agit-il concrètement pour favoriser une autonomie des productions vitales (agriculture et alimentation) ?

Avec la montée du niveau des mers et l’artificialisation des sols, la surface des terres arables ne cesse de diminuer. Cette problématique est accentuée par l’augmentation de la population mondiale. En effet, en 2050, nous serons 9 milliards d’êtres humains. Pour réfléchir à la question de l’agriculture mondiale, l’INRA et le CIRAD ont créé la prospective Agrimonde. Celle-ci confirme qu’afin d’assurer une alimentation correcte pour tout le monde, nous devons enrayer les tendances actuelles.

« Il y a urgence à adapter notre système de production et de consommation aux changements climatiques. »

Une alimentation résiliente impose :

  • Un système agricole à faible émission carbone qui participe à l’atténuation du changement climatique.
  • Une production agricole adaptée aux conditions climatiques locales et une indépendance maximale face aux intrants : énergie, engrais, pesticides et irrigation.
  • Une consommation alimentaire localisée en adéquation avec les capacités de production de l’agriculture locale.

Ainsi, France Nature Environnement participe aux instances consultatives concernant l’agriculture, tout en informant sur la situation. C’est un vaste domaine, allant de l’agriculture à l’alimentation, en passant par la Politique Agricole Commune (PAC). L’enjeu est aussi de mettre en avant les alternatives à l’utilisation d’intrants chimiques (engrais, pesticides, etc.). Enfin, en dernier recours, FNE n’hésite pas à faire appel à l’action juridique pour défendre le bien commun.

Comment un-e citoyen-n-e peut-il/elle agir concrètement pour favoriser une autonomie des productions vitales (agriculture et alimentation) ?

Un des moyens les plus simples pour agir réside dans notre façon de consommer. Cela peut d’ailleurs être un vrai plaisir ! En effet, l’objectif est de choisir des aliments savoureux, produits localement et avec des pratiques agroécologiques. Il est aussi essentiel de respecter un bon équilibre nutritionnel. Une telle alimentation permet de rester en bonne santé et soutient les producteurs locaux. Par ailleurs, elle est plus respectueuse de l’environnement.

Depuis 1950, la population française est passée de 42 à 67 millions d’habitants. Simultanément, la consommation alimentaire a beaucoup évolué. Par exemple, la production de viande a quintuplé, si bien que l’élevage hors-sol est aujourd’hui majoritaire.

« 60% des terres cultivées et 70% des céréales produites servent à l’alimentation animale. »

Par ailleurs, pour produire 1 kg de protéines animales, il faut 3,5 à 10 kg de protéines végétales. Ainsi, ce mode d’élevage est très dépendant des matières premières (énergie et intrants) et contribue fortement au réchauffement climatique.

En parallèle, les nutritionnistes dénoncent une consommation excessive de viande et un apport trop important de protéines. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’augmentation de la consommation de céréales complètes. Cela permettrait de diminuer l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et le diabète.

Comment un élu, une collectivité, un organisme peut-il agir en AuRA pour favoriser une autonomie des productions vitales (agriculture et alimentation) ?

Il existe de multiples façons d’agir. D’une part, il faut abandonner le mirage de la balance commerciale de l’agriculture. Certes, le solde est positif de 8 milliards d’euros, ce qui place l’agriculture au 3ème rang des exportations françaises. Cependant, un rapport du Sénat note que « l’indicateur de l’excédent commercial de produits agricoles » cache des « évolutions alarmantes ». En effet, sans les vins et spiritueux, le déficit commercial serait de 6 milliards d’euros. Par ailleurs, ce rapport note qu’économiquement, la France aurait intérêt à exporter moins de céréales à des tarifs très bas. Il serait également plus pertinent de relocaliser nos productions de fruits et légumes.

« Selon l’INSEE, la France importe 40% des fruits, près de 50% des légumes, 34% des volailles, 24% des porcs et 70% des légumes secs consommés. »

L’enjeu est donc de relocaliser la production, la transformation et la distribution de la nourriture. D’autre part, les productions animales en plein air seraient largement suffisantes pour combler nos besoins en protéines. Nous devons donc arrêter d’importer du soja pour l’élevage hors-sol et produire les oléoprotéagineux dont nous avons besoin. Ainsi, nous éviterons de creuser un déficit commercial prévu à court terme par le Sénat.

Quel message souhaitez-vous faire passer aujourd’hui ?

Lors de la crise du Covid-19, les producteurs locaux et les circuits courts ont démontré leur efficacité. C’est dans cette voie qu’il faut aider l’agriculture. Par ailleurs, cette dernière ne pourra pas évoluer sans un changement de la filière en aval. La consommation alimentaire est une des clés importantes de cette évolution.  Chacun de nous peut agir. L’enjeu est simplement de choisir des produits de saison, issus d’une agriculture agroécologique locale, et en respectant les équilibres nutritionnels.

 

Pour aller plus loin :

  • Un complément d’informations :

      Les légumineuses au secours du climat

  • Un document :

      Pour une autre politique agricole et alimentaire

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Mercredi 08 juillet 2020

https://www.fne-aura.org/actualites/region/priorites-vitales-4-lautonomie-des-productions-vitales/

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